vendredi 23 mai 2014

Cameroun - Barrage de Lom Pangar: L'armature principale du barrage sort de terre

Le Béton compacté du rouleau (Bcr) prend du volume au quotidien sur le chantier du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar. C’est cette partie centrale devant s’élever sur 45 mètres de hauteur qui contiendra l’ensemble des équipements hydro-électromécaniques de cet ambitieux projet énergétique au Cameroun. Visite guidée.
Le site du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar, qui s’étend sur une superficie de 1700 hectares répartis sur trois arrondissements (Bélabo, Bétare-Oya et Ngoura), s’est transformé en un vaste chantier. Ici, les travaux avancent sereinement. Au niveau de la retenue d’eau, le béton compacté du rouleau se met progressivement en place. Ce vendredi 16 mai 2014, les techniciens ont déjà posé une couche de 12 mètres de hauteur sur 182 de longueur. Il faudra atteindre 45 mètres de hauteur pour déclarer cette phase du travail terminée. Mais les spécialistes rassurent, car la grue principale a déjà été fixée, en prévision des travaux en amont. Les murs de soutènement sur les rives gauche et droite poussent aussi à un rythme raisonnable. Les digues en terre ont déjà pris du volume, de même que les digues de transition faites essentiellement de pierres. Si dame pluie épargne Lom Pangar de ses
caprices, les choses iront encore plus vite.

Les travaux de construction de la fondation des évacuateurs et de la galerie de drainage sont terminés. Les employés s’attèlent d’ailleurs au nettoyage de la mince couche de boue qui s’y est installée. « La prochaine étape qui interviendra dans peu de temps certainement sera l’installation des équipements hydro-électromécaniques. On entend par là les ouvrages de restitution, les conduites forcées de l’usine ainsi que les évacuateurs de crue », explique Charles Oumbé, le responsable de la communication, des relations publiques et de la logistique au barrage de Lom Pangar. « Si le rythme actuel des travaux est maintenu, nous sommes confiants quant au respect du calendrier de réalisation qui prévoit une mise en eau au quatrième trimestre 2015. Suivra la construction de l’usine de pied dont certains compartiments sont déjà pris en compte dans l’édifice de génie civil au niveau du bloc central du barrage », renchérit Théodore Nsangou, le directeur général d’Electricity developement corporation (Edc) lors de la visite effectuée sur le site de cet ambitieux projet énergétique le vendredi 16 mai 2014.

A un jet de pierre de ce noyau central du barrage trône une digue de colle. Ici, les travaux sont déjà réalisés à 98%. « Les études ont montré que l’eau peut déborder et se retrouver à un endroit inadéquat. C’est pour cela qu’il a été envisagée la construction de cette digue. Il ne reste plus que l’installation des couches et des cellules de protection qui représentent seulement 2% de l’ensemble du travail », rassure Charles Oumbé. Plus loin à 7 kilomètres, c’est la carrière où des tirs d’explosifs permettent de concasser les roches broyées sous toutes les formes à la centrale à béton. « Pour le moment, un seul tir est effectué par semaine au lieu de quatre comme par le passé. Nous tirons en fonction des besoins », révèle Ali Bouaziz, l’ingénieur en géologie affecté sur le site. Et avant chaque opération, des alertes en direction des acteurs se trouvant dans les environs sont émises. Question de leur demander de se mettre en sécurité. « Car il y a des granulats qui jaillissent et des bruits assourdissants qui peuvent effrayer ceux qui ne s’y attendaient pas », note le patron de la communication, des relations publiques et de la logistique à Lom Pangar.

L’on n’a pas lésiné sur les moyens pour assurer la sécurité des personnes et des biens dans le site de ce vaste chantier. Au total, 42 éléments de forces de défense y sont affectés, et patrouillent, armes au poing, de jours comme de nuit. Une base militaire où sont dissimulés les explosifs y est d’ailleurs construite. Equipée de cameras de surveillances ultra modernes, elle est fermée au public. Une douzaine de vigiles détachés d’une société de gardiennage filtrent les entrées et les sorties, en collaboration avec des agents de sécurité d’Edc. La centrale à béton qui constitue la boucle de cette visite est un espace équipé de machines de toutes sortes. Deux concasseurs d’une capacité cumulée de 500 tonnes par heure fonctionnent 24h/24 grâce aux superbes groupes industriels qui absorbent des milliers de litres de gasoil chaque jour. Deux bétonnières d’une capacité de production de 300 mètres cubes de béton par heure tournent aussi à merveille. Ce sont ces deux appareils qui produiront les 190.000 mètres cubes de béton nécessaire pour élever l’ouvrage en entier.

Dr. Théodore Nsangou: «La première mise en eau du barrage peut intervenir en septembre 2015»

A l’issue de cette visite du chantier du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar, le directeur général d’Electricity development corporation(Edc) a livré ses sentiments aux hommes de médias. Globalement, Théodore Nsangou se dit satisfait du niveau d’avancement des travaux.
Monsieur le directeur général vous venez de faire le tour du chantier pour apprécier les avancées des travaux. Quel est le niveau de réalisation de cette étape des travaux au moment où vous bouclez cette visite ?
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez de parler de cet ambitieux projet énergétique de notre pays. Avant toute chose, permettez-moi de vous dire que cette visite n’est pas comme les autres. Elle intervient au lendemain d’une visite des bailleurs de fonds qui ont donné leur satisfécit sur le taux d’avancement des travaux et des closes environnementales et sociales ainsi que du respect des aspects techniques. S’agissant rapidement du taux d’avancement, nous nous situons environ à 50% et nous savons qu’il nous faut tout faire pour procéder à la première mise en eau du barrage entre septembre et octobre 2015. Et d’après ce que j’ai vu sur le chantier, nous sommes plutôt confiants.

Plus simplement qu’est-ce qui s’est fait sur le chantier après la dérivation ?
Après la dérivation, nous avons été confrontés à un problème géologique majeur. Puisque la presse a dû vous apprendre que nous avons rencontré en fondation un matériau dangereux. Ce matériau s’appelle le silt. On le trouve dans certains barrages au Brésil. Cet obstacle nous a fait stopper le chantier pendant trois ou quatre mois pour trouver une solution à ce problème. C’était en 2013. Avec l’accord des panels techniques, nous avons trouvé la solution et avons repris les travaux et procédé à des injections de consolidation du barrage, nous avons aussi commencé les travaux de bétonnage sur deux fronts. Il y a ce que nous appelons le béton conventionnel et le béton compacté au rouleau que nous venons de voir. Les deux vont monter ensemble, parce qu’il faut savoir que la hauteur totale du barrage sera d’environ 45 mètres. C’est dire qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais nous avons un rythme satisfaisant. Puisque nous faisons plus de 200 mille mètres cubes de remblais par mois et nous visons 20 mille mètres cubes de béton par mois. Donc il y a les travaux d’injection, de remblais au niveau du barrage principal et de la digue des côtes qui sont terminés. Nous sommes actuellement en train d’attaquer le gros des bétons et nous poursuivrons dans les jours ou les semaines qui viennent par les travaux hydromécaniques.

Lorsqu’on dit que l’axe central du barrage est posé, qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
L’axe central du barrage est dessiné lors des études préliminaires. En fait, les ingénieurs définissent l’endroit optimal pour caler l’axe central du barrage. Cet axe est défini pour optimiser un certain nombre de paramètres. D’abord le volume des travaux à faire, le volume de la retenue que le barrage va entraîner, et puis éviter les problèmes géologiques auxquels on peut être confrontés. Il arrive qu’après les premières fouilles, on déplace le site de l’axe central du barrage. Dans le cas de Lom Pangar, nous n’avons pas été amenés à le faire.

Si ce barrage était une maison, pourrait-on dire que la fondation est terminée et qu’on attend plus l’élévation des murs ?
La fondation est même déjà terminée. Nous sommes en train de monter les murs. Parce que ces murs comportent trois aspects. Il y a les murs en béton conventionnel qui sont déjà en train d’être montés, il y a les murs en béton compacté au rouleau qui est une technique nouvelle au Cameroun et en Afrique. C’est à dire qu’au lieu du mettre du béton avec des grues, on met du béton comme du remblai pour sauver l’argent et le temps. Donc c’est aussi le mur qui monte. Nous ne sommes plus au niveau de la fondation. Nous sommes au niveau du mur. Et quand vous voyez le mur en terme d’ouvrage remblais vous constaterez que nous sommes déjà à 12 mètres de hauteur sur les 45 attendus.

Vous parlez du satisfécit des bailleurs de fonds alors que certaines langues annoncent la suspension de certains financements du projet par ces mêmes bailleurs de fonds. De quoi est-il question ?
Nous avons répondu à cette question il y a un ou deux mois, et la Banque mondiale a confirmé pendant sa visite. Il n’y a aucun problème de financement. A un moment donné, il y a des journalistes zélés qui avaient cru dire qu’il y a avait un problème de financement. Il n’en est rien. Je confirme qu’il y a cinq bailleurs de fonds sur le projet Lom Pangar avec en tête la Banque mondiale qui vient de séjourner sur le chantier et qui a exprimé son satisfécit, il y a la Bei, il y a l’Afd qui finance beaucoup de choses, il y a la bad et la bdac. Donc on a aucun problème de financement et aucun problème d’argent.

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